Centre des Arts - EIG Grande Boissière
Le site de la Grande Boissière se caractérise par sa disposition sur deux plateaux. Le plateau supérieur sur lequel se trouvent les constructions édifiées au fil du temps, accessibles depuis la route de Chêne et le plateau inférieur, anciennement le parc de la résidence, qui regroupe aujourd’hui les terrains de sports de l’école, en liaison avec la forêt et le chemin de la Petite Boissière. Le principal enjeu qu’induisait le choix de l’implantation du bâtiment a été l’intégration de volumétries aveugles importantes, intrinsèques à des salles de spectacle, dans un contexte paysager sensible : présence d’une zone forêt, d’un hêtre bicentenaire magnifique, d’un voisinage constitué de petites maisons individuelles et l’éloignement de la partie bâtie du campus. L’implantation proposée est un plan en L, avec, d’un côté, la grande salle de l’auditorium de 400 places, de l’autre, le théâtre de 170 places placé perpendiculairement côté campus, le tout s’articulant autour de circulations horizontales «en croix» et d’une circulation verticale à leur intersection. L’angle du L accueille, sur deux niveaux, le foyer commun aux deux salles de spectacles, et sur un troisième niveau, un foyer dédié aux élèves. La circulation longeant l’auditorium distribue des salles de cours, orientées au sud, sur la zone forêt. Le bâtiment offre ainsi sa façade principale côté campus et minimise son impact visuel vis-à-vis du voisinage situé légèrement en contrebas. Cette forme en L génère enfin un espace jardin qui se raccorde avec la forêt et intègre le bâtiment dans son environnement paysager. L’importante superficie de façade sans fenêtre, que peut imposer ce genre de programme, a conduit à l’utilisation d’un matériau verrier d’inspiration industrielle, parfois transparent mais principalement émaillé blanc, qui permet d’unifier le traitement sur l’ensemble des faces de la volumétrie. Le rythme étroit des modules combinés à leurs rails de fixation entre chaque niveau, donne une lecture horizontale du bâtiment que renforce le traitement anthracite du béton des soubassements. Ces lignes affirmées suivent la déclivité du terrain, entre le côté campus et le chemin de la Petite Boissière, par des décrochés nets d’un niveau à l’autre. Ces modules verriers offrent également une perception très variable selon la luminosité extérieure. En journée, on peut lire des ombres intérieures dans les escaliers de secours des angles, et de l’intérieur les parties transparentes voilent légèrement la perception du paysage pour ne laisser la totale lisibilité qu’en des points choisis. La nuit, le bâtiment prend encore une autre dimension grâce à la translucidité du verre émaillé. Les lumières intérieures donnent au Centre des arts un aspect de lanterne les soirs de représentation. Intérieurement, les aménagements sont sobres, les matériaux laissés bruts et les couleurs rares afin de laisser toute la place aux oeuvres et aux travaux d’élèves qui seront exposés. La linéarité des luminaires dans les circulations donne un aspect très graphique et structuré à l’espace. Seule transgression à cette rigueur : un grand mur en chêne, sur la double hauteur du foyer, marque la présence de l’auditorium en rappelant la présence du bois des conques de la salle. Le Centre des arts est un bâtiment qui a su prendre place sur le campus sans en perturber l’équilibre et, en même temps, il sait se distinguer de son environnement et affirmer sa destination d’équipement culturel tant pour son usage scolaire que pour son usage public.
